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Politica
8 avril 2020

Prospective sur la sortie de crise du coronavirus.

Il est toujours difficile d’entrevoir les effets d’une crise majeure, mais tenter de prévoir les conséquences reste nécessaire pour agir. Pour cela, il faut tenter d’analyser les décisions et les actes portés pour mieux les décortiqués et essayer de peser les effets des décisions prises jusque là. S’il est vrai que ce virus émergent était de par ce fait inconnu, l’accumulation des connaissances ont engendré des décisions qui ont évoluées. L’évaluation scientifique viendra après et ce n’est pas ici le sujet. Il n’empêche qu’un certain nombre d’erreurs ont été commises et que certaines décisions prises actuellement risquent de perdurer plus que nécessaires.

 

Tout d’abord, le discours est perçu comme le fondement de la décision. . L’épidémie en Chine a été sous-estimée et cachée, et cela dans ce pays même. Mais une fois connue, le refus de considérer toute vérification ou limitation des voyageurs en provenance de Chine pose question. Et le discours, en France, a été plutôt empli de contradictions. Une des explications données que j’ai entendue m’a marqué  : cette maladie est une maladie du nord. C’est un virus venu d’un pays désirable. Surtout, la Chine est devenue en quelques années l’atelier de fabrication du monde . Cela explique probablement la diffusion mondiale du virus. Cette dépendance en produits « simples » est l’une des raisons du manque de masques et de tests.

 

Les problèmes strictement français sont venus s’ajouter aux problèmes de dépendances. De fait, l’hôpital français est en sous financement depuis plusieurs années, malgré de multiples alertes, manifestions et grèves des personnels hospitaliers à propos du manque de matériels, de personnels et de lits. Cette politique ne date pas d’aujourd’hui, mais le gouvernement actuel a amplifié le problème. Même dans la gestion de crise, et j’y suis revenu dans un autre texte, reste loin de l’hôpital public. C’est ainsi que la seule manière de limiter et ralentir la propagation du virus est devenu le confinement.

 

Puis les décisions hors virus sont inquiétantes. De fait, l’absurdité des amendes données à des SDF pour non-respect du confinement a été souligné. Celle des peines de prison à moins était souligné. La surpopulation carcéral fait de ces lieux en fait un foyer d’infection. On pourrait dire que les députés qui ont votés et les juges qui appliqueront cette peine pourraient être accusés de mise en danger de la vie d’autrui, et s’il y a des morts, de meurtre par imprudence. Il en est de même le maintien de la surpopulation carcérale. Le gouvernement a aussi supprimé des lois sur le travail. Cela est présenté comme provisoire. Mais il est toujours difficile de revenir en arrière au niveau législatif..Puis cette crise des ordonnances n’est pas la première. Elle pose la question du trop grand pouvoir du Président au sein de la cinquième République.

 

D’autres décisions posent question, celles de l’État d’urgence sanitaire. Les lois sur les 35 heures ont été suspendues. Des mesures de traçage géographique par le téléphone portable ont été envisagées. Dans un sens, le pire reste le système des attestations. Déjà, ce système d’auto-justification me semble infantilisant. Le système d’application portable laisse pensif sur la possibilité de surveillance des personnes, de ses contacts, de ses appels et de ses informations personnelles. Là encore, il est nécessaire de réfléchir à comment s »assurer que ce décret ne reste pas en place, car ce serait un moyen pour contrôler toute opposition, toute manifestation ou tut rassemblement. Et cela reste inquiétant.

 

La question anthropologique est la plus difficile à analyser. L’être humain est un animal grégaire et social. L’aspect induit du confinement empêche le mouvement. C’est un premier empêchement qui nuit à notre esprit. L’autre est l’absence de rencontres. Ces deux éléments, dû à l’évolution particulière de notre espèces engendrera probablement des effets psycho-sociaux majeurs, dont les formes sont encore inconnues et qu’il sera difficile de maîtriser, en raison du nombre de personnes impactées qui sera important.

 

Au sortir de cette quarantaine, la première question sera de gérer le retour à une nouvelle normalité. Des violences sont à prévoir, dues aux stress induits par le confinement et l’absence de confrontation à la collectivité. De fait, je suppose que la perte d’habitude de la sociabilité est probablement déjà acquise. La distanciation sociale empêche les gestes habituels de nos civilités. La synchronisation des serrages de mains, les bises et autres gestes ordinaires seront à retrouver et se transformeront presque certainement. La conscience individuelle et collective va elle aussi évoluer. Il existe d’autres éléments à commencer à penser auxquels je ne pense pas, mais que d’autres peuvent commencer à penser.

 

Il est temps de formuler les hypothèses purement politiques découlant de cette petite présentation de faits.

 

Première hypothèse : c’est une hypothèse possible et certains faits laissent le penser. Le politique continue tel qu’il était. Les règles économiques et sociales continuent lentement à se dégrader au détriment du plus grand nombre. La suppression de lits et de personnels à l’hôpital de Nancy en pleine crise , même s’il semble qu’elle soit suspendue, laisse entrevoir cette possibilité. Les décisions continuent à la dégradation des services assurant la cohésion de la population française. Le discours actuel, après quelques gestes, est oublié et la solidarité passe au second plan.

 

Deuxième hypothèse : an nom de la salubrité, un système de surveillance social renforcé, et des libertés publiques et civiques limitées, voir supprimées se perpétuent. Les 35 heures ne sont pas rétablis. J’ai déjà parlé ici du traçage téléphonique, mais avant même cet épisode, la vidéo-surveillance et la reconnaissance faciale généralisée. Le système des attestations est maintenu, et hors des activités autorisées, dont ne feront pas partie les manifestations, les opposition et autres revendications ne correspondant pas aux desiderata du pouvoir en place. C’est malheureusement celle que j’envisage le plus probable.

 

Troisième et dernière hypothèse : Les citoyens deviennent des citoyens-acteurs. Une solidarité se développe en développant la coopération et la mutualisation. Les communes mettent en place des mécanismes de consultation de leurs administré(e)s. Des mécanismes de limitation effective de l’exécutif voient le jour. La procédure de destitution du Président de la République est définie de manière efficiente. Un rééquilibrage entre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire aboutit à une meilleure représentation. Les procédures de comparutions immédiates sont supprimés. Si je n’y crois pas une seconde, c’est vers cela, selon moi, qu’il faudrait tendre.

 

En conclusion, il reste bien des éléments à explorer, et j’oublie et ignore bien des informations qui seraient indispensables pour évaluer la situation et ses conséquences possibles. Malgré tout, il me semble nécessaire de commencer une réflexion individuelle et collective pour limiter les problèmes qui se présenteront. En attendant, j’essaie de continuer à apporter ma modeste pierre à un édifice qui ne cessera pas avec la fin de la crise.

Le 08/04/2020

Fabien Micolod.

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