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Politica
19 juin 2020

Manifestations post confinement : une colère ancienne.

Les manifestations contres le racisme et les violences policières, ainsi que celles des infirmières et personnels hospitaliers, ont des racines anciennes. Si elles peuvent être critiquées, leur surgissement est due à de multiples facteurs. Le mouvement dit des gilets jaunes, l’infantilisation permanentes du peuple par le gouvernement et l’existence réel d’un mépris envers les émigrés et les personnes différentes, et pas uniquement par la couleur de peau, persistent y compris dans le discours politique.. De plus, un certain nombre d’erreurs politiques ont aggravés la dissonance entre des déclarations et une réalité. Le déroulement d’un quinquennat basé sur une personnalité seule, même si elle a créé sur le moment particulier de l‘élection du Président de la République a crée une rupture dans les représentations collectives et territoriale de la 5e République. Je n’ai jamais été très amateur de ce régime qui est profondément jacobin. Et le manque de relais de proximité de ce Président n’a fait que montrer les problèmes dus au centralisme de l’État français.

L’histoire des colonisations est un fait mal enseigné. Encore aujourd’hui, certains hommes politiques de premier plan rappelle « les bienfait de la colonisation ». Le passé ne peut être changé et je ne tiens pas ici a remonté à des faits dont je ne me sens nullement responsables. Mais même la décolonisation a sa part d’ombre, et la françafrique est un maintient par d’autres moyens des anciens pays colonisés dans l’orbite et sous la dépendance de la France par d’autres moyens. L’immigration, d’abord voulue, puis moins désirées, c’est fait dans un discours qui maintenait et présentait les individus provenant de ces pays comme des citoyens de seconde zone. L’universalisme citoyen ne s’appliquait que partiellement à ces populations. De plus, certains courants, particulièrement dans la droite dure, ont usé d’un discours tendant à communautariser ses personnes.

Mais ces manifestations sont le prolongement de mouvements sociaux qui, pour les premiers, ont commencé en novembre 2017. Et le sujet en était déjà les suppressions de postes et de lits et de personnels dans les hôpitaux. Si les premières manifestations restaient isolées et peu écoutées, elles ont pris de l’ampleur peu à peu, et ont touchés d’autres parties de la société. C’est à partir de mai 2018 que les choses ont commencé à s’aggraver. L’affaire Benalla -qui n’a toujours pas été jugée- en est pour moi le symbole. Un garde du corps nommé à un poste de gendarmerie qui se prend pour un justicier et se sert de la police républicaine pour réprimer sans vergogne la colère de personnes qui ont exagéré dans leur réaction face à des policiers -eux sont passés en comparution immédiate et ont été condamnés-.

L’absence de justice, la violence première de la réaction des force de l’ordre envers un acte condamnable, mais avec peu d’envergure, et la protection dont a bénéficié l’ancien garde du corps du Président, le manque d’écoute et le déni des problèmes sociaux ont aboutis au mouvement des gilets jaunes. Si déjà en mai 2018, les policiers eurent une grande latitude dans leur intervention, la sous-estimation de l’ampleur de la colère de ces manifestants a entraîné une impréparation de la police, et a eu pour conséquences de multiples bavures se traduisant de nombreuses blessures graves. S’il est probable que cette colère dut entraîné violences, cette gestion catastrophique a été en terme d’image et de confiance -particulièrement pour la police-. J’avais entendu à cette époque une analyse à laquelle j’adhérais et adhère encore : Ces images aurait pour conséquence une défiance au long terme, que la confiance entre la police républicaine et les civils étaient altérée et que celle-ci mettrait longtemps à être rétablie. De plus, malgré des annonces allant dans ce sens, les débordements de la police ne semblent pas avoir connu de suite judiciaire.

La réponse du « grand débat », que j’ai appelé rapidement grand monologue, a encore accentué une défiance envers l’exécutif et leurs représentants. L’absence de dialogue républicain et d’écoute, encore et toujours, , la parole quasi monarchique, la décision et le jacobinisme présidentiel n’a pas répondu à ce besoin de décentralisation réel, qui a encore été souligné par la gestion de la crise épidémique du coronavirus. Et encore une fois, cette crise est au moins partiellement une crise de la centralisation. De fait cette absence de dialogue, de perception de problèmes concrets et d’écoute

Tout a commencé avant le confinement de quarantaine. Les mensonges sur les masques ont été nombreux ; soit que leur nombre ayant été présenté comme suffisant, soit qu’ils aient été présentés comme inutile. De même l’absence de test en début de crise a été caché sous le prétexte de leur inutilité. Le déni n’a pas été que du gouvernement, mais il a été celui de la parole publique, qui a été considérée, comme le disait un certain professeur marseillais, comme une « gripette ». La tenue du premier tour des élections municipales, alors que le confinement se dessinait et se décidait, a engendré une dissonance cognitive majeure : Rester chez soi et « en même temps » aller voter. S’il fallait rajouter à ces dissonances entre les annonces contradictoires et les réalités du terrain, le gouvernement a choisis une technique d’infantilisation, plutôt que de responsabilisation. La mise en place des attestations est, à ma connaissance, unique. Le manque de considération envers la maturité et le sens des responsabilité du gouvernement apparaissait bien là. Mais le pire restait à venir.

Après avoir laissé entendre que certaines entreprises aller être nationalisées, après avoir soutenu, que les « premiers de corvées » aller être soutenu, après avoir annoncé une reprise stratégique de la souveraineté, ces annonces ont été oubliées. Au lieu de nationalisation, des plans d’aides à de très grandes entreprises ont été décidées, sans qu’aucune contrepartie d’emploi ne soit exigée. Au lieu d’un clair soutien des infirmiers, un Ségur ou la négociatrice n’a aucun pouvoir de décision. Le déconfinement lui-même a été plus politique et économique que sanitaire et social.

Les colères issues de la perte de repères sociaux dus au confinement et à l’accumulation de ces contradictions ont ressurgi. La forme peut en être critiquée, mais le fond n’en reste pas réel . L’absence d’écoute et de concertation reste patente. Ces manifestants ne sont qu’une première vague, s’il n’y a pas d’écoute. J’ignore encore comment prendront forme les colères, mais je ne doute pas qu’encore une fois, une violence s’exprimera. A moins que chacun prennent son autonomie tout en coopérant, la France restera dans l’incertitude. Ces faits actent le déclin de la cinquième République et du centralisme jacobin, affaiblit le peuple français, au nom d’un centralisme dépassé.

Le 19 juin 2020

Fabien Micolod.

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